Du ramassage de la graine à l’entrée au catalogue

La culture des essences botaniques d’arbres démarre par l’acquisition des semences. De la qualité de celles-ci et des parents, les porte-graines, dépend la qualité des futurs sujets. La traçabilité de ces semences est pour nous la meilleure garantie de cette qualité.

Essences autochtones et indigènes vs essences exotiques

Deux types d’essences peuvent être distingués : les autochtones et indigènes d’une part et les exotiques d’autre part. Pour ces deux groupes les filières d’approvisionnement des semences sont différentes.

Pour les essences locales et forestières

Nous nous appuyons à ce jour sur deux labels complémentaires.

Le label forestier M. F. R. (Matériel Forestier de Reproduction)

Il répertorie les différentes essences sylvicoles et les sous-groupes qui les constituent en fonction des stations de collecte de graines. Les origines aux climats les plus rudes sont privilégiées.

Le label « Végétal Local » développé par l’Agence Française pour la Biodiversité

Il garantit par le cahier des charges de collecte de semences, à la fois la diversité génétique au sein d’une espèce donnée et une bonne adaptation des plants à la future zone de plantation puisqu’ils en sont issus.

Pour les essences « exotiques »

La collecte des semences est beaucoup plus complexe car il n’existe pas forcément de filière de ramassage organisée.

Le ramassage en parcs et arboretums

Il permet d’obtenir dans un délai relativement court les essences introduites parfois plusieurs siècles auparavant. Les sujets porte-graines présentent l’intérêt d’être acclimatés depuis un temps relativement long, la descendance conserve les caractères de rusticité. Cependant il importe de rester prudent face aux croisements afin de ne pas cultiver des hybrides.

L’acquisition de semences issues du milieu naturel

Cette méthode présente pour nous une réelle valeur ajoutée car elle permet de voir les arbres dans leur milieu d’origine. La sélection des sujets porte-graines dans leur milieu permet de choisir les meilleurs représentants tout en conservant un potentiel génétique large.

Des voyages de prospection botanique sont organisés sur le pourtour du bassin méditerranéen, en Turquie, Azerbaïdjan, Algérie, Bulgarie mais aussi en Asie, notamment en Chine. Nous sommes par exemple repartis des populations primaires des forêts d’Azerbaïdjan pour la collecte de glands de Quercus castaneifolia.

Ce travail ressemble à celui réalisé lors des grandes « chasses » botaniques du XVIIIe et XIXe siècle. C’est ainsi que nous avons ramené de ces voyages de collecte : Acer velutinum, Carpinus orientalis, Carpinus caucasica, Quercus ithaburensis, Quercus suber de la Maâmora (Maroc).

Les grainetiers spécialisés, collectivités et collections privées

Ils constituent aussi une source d’approvisionnement non négligeable. De fait, une dizaine de nouvelles espèces sont introduites chez nous, au stade de semis, chaque année. Durant les 5 à 10 premières années, les plants ainsi obtenus sont cultivés à petite échelle.

Le « filtre » de la vie permet de valider leur rusticité dans nos conditions pédoclimatiques et de culture, leur capacité à supporter les transplantations, l’absence de parasites pathogènes majeurs et surtout le caractère non invasif de chaque espèce. Les essences inadaptées et les sujets les plus faibles sont ainsi exclus.

Après ce temps d’étude et d’acclimatation, les arbres présentant les meilleurs potentiels sont cultivés à grande échelle. Ainsi, le développement d’une nouvelle espèce peut nécessiter 10 à 15 ans. De très nombreuses espèces sont écartées dès la première année. Le développement et la « popularisation » de ces arbres d’avenir constituent l’essence même de notre pépinière.

Des essences de grande rusticité comme Chionanthus retusus, Fontanesia phillyreoides, Pistacia sinensis, Euodia danielli, Quercus agrifolia, Pinus bungeana… sont produites dans des formats variés et à grande échelle dans nos pépinières avant de faire leur entrée dans le catalogue.